
Le « briseur de soucis ». C’est ainsi que S. Freud nommait en 1929 les produits permettant de « se soustraire au fardeau de la réalité » et de « se réfugier dans un monde à soi ». Il faisait alors référence à la difficulté de vivre dans une société où la civilisation rencontrait un « Malaise ». A l’heure où chacun est avide de ‘produits’ quels qu’ils soient pour s’apaiser, cette question du « Malaise dans la civilisation », posée par Freud qui pressentait le retour d’une certaine ‘barbarie’, n’est-elle pas contemporaine ?
Je pense que oui. La société orientée par le profit et la jouissance individuelle, qui alimente une course au produit idéal introuvable car n’existant pas, crée la perte du désir et de sens. Le manque de tenue des pulsions agressives par les figures adultes et les élites déteignant sur l’ensemble de la société, crée un manque de modèles ‘civilisés’ soutenant les jeunes dans leur construction adulte. Le harcèlement scolaire en hausse, ou les agressions verbales courantes, en sont des signes flagrants.
Dans son ouvrage « Opium », le poète J. Cocteau, disait : « l’opium apprivoisé adoucira le mal des villes où les hommes meurent debout ». Certes un ‘produit’ permet d’adoucir les maux et l’angoisse. Et chacun y a recours d’une manière ou d’une autre.
Mais venir dire des choses à un analyste permet de dénouer ses maux, de traverser ses angoisses, de s’apaiser autrement, et surtout de se positionner comme sujet (actif) dans le regard porté sur sa propre vie et ses choix.